Vitalik vient-il de prendre parti ? À l'intérieur du test de loyauté des layer-2 d'Ethereum

Cette semaine, l’écosystème Ethereum a été secoué par un transfert de 654 millions d’ETH effectué par la Ethereum Foundation. Cet événement a déclenché un examen minutieux de la rémunération des développeurs, de la transparence et du leadership, culminant avec la démission publique du développeur principal Péter Szilágyi et un regain de critiques sur les pratiques de gouvernance.

Parallèlement, la mise à niveau AggLayer de Polygon a connu des retards de lancement et une instabilité du réseau, intensifiant le débat sur l’alignement des solutions Layer-2, la fragmentation et le soutien de la Foundation aux L2 externes.

Ces développements, conjugués à la volatilité de la migration du token POL, aux difficultés persistantes pour équilibrer la centralisation du mainnet avec la souveraineté des L2, et aux réactions à la récente restructuration exécutive de la Foundation, ont ajouté une urgence nouvelle aux différends concernant la direction future d’Ethereum et la croissance durable de son écosystème de scaling.

Querelle familiale chez Ethereum

L’architecture de scaling d’Ethereum est passée d’un sujet technique à une économie politique lorsque Vitalik Buterin a salué Base de Coinbase pour « faire les choses correctement », quelques semaines après que Sandeep Nailwal, fondateur de Polygon, ait pris la tête de la Polygon Foundation, mettant en garde contre la direction « existentielle » des solutions layer-2 (L2) d’Ethereum.

La question qui émerge de ces visions concurrentes est de savoir si Ethereum va standardiser la manière dont les L2 gagnent et règlent la valeur, ou bien observer la fragmentation de la liquidité vers des systèmes parallèles qui contournent plutôt que traversent le mainnet.

La tension s’est cristallisée autour de trois développements à la mi-2025. Nailwal a pris la direction de la Polygon Foundation le 11 juin dans le cadre d’une réorientation stratégique, positionnant le réseau comme plus indépendant de l’orthodoxie centrée sur les rollups d’Ethereum.

Polygon a lancé AggLayer v0.3 le 23 juin, faisant progresser l’interopérabilité agnostique des chaînes avec Polygon PoS, qui devait se connecter d’ici la fin du troisième trimestre, ce qui n’était pas encore le cas au moment de la publication.

Le soutien public de Buterin à Base en septembre a ravivé les débats sur la question de savoir si le leadership d’Ethereum favorise certains L2, amplifiant les frictions antérieures lorsque Nailwal avait remis en question la faible reconnaissance de la part des développeurs principaux d’Ethereum et averti qu’un sentiment anti-L2 pourrait fracturer le tissu social de l’écosystème.

Les données de L2BEAT montrent qu’Arbitrum et Base détiennent les plus grandes parts de valeur sécurisée sur les layer-2 d’Ethereum, avec OP Mainnet et Linea à la traîne.

Le zkEVM de Polygon reste nettement plus petit que sa chaîne Proof-of-Stake, tant en termes de valeur totale verrouillée que d’activité transactionnelle.

Les tableaux de bord des profits des séquenceurs sur Dune révèlent que Base et Arbitrum génèrent la majorité des bénéfices nets des séquenceurs après déduction des coûts de données layer-1, Base se classant constamment parmi les principaux générateurs de profits jusqu’à la fin de l’été 2025.

Les commentaires de Buterin sur la feuille de route 2025 se concentrent sur la simplification, la résilience du mainnet, y compris les améliorations de la confidentialité, et une expérience utilisateur layer-2 qui s’appuie davantage sur les garanties de sécurité du layer-1.

Ces orientations établissent ce que le leadership d’Ethereum considère comme une « bonne citoyenneté L2 » : des preuves de fraude ou de validité canoniques, une dépendance à Ethereum pour la disponibilité des données, et un alignement avec les standards émergents pour les light clients et le séquençage partagé.

L’AggLayer de Polygon poursuit une liquidité partagée agnostique des chaînes, positionnant le réseau à côté, plutôt qu’à l’intérieur, de l’orthodoxie des rollups d’Ethereum.

Sa chaîne Proof-of-Stake migre vers une intégration validium zkEVM, qui utilise des couches alternatives de disponibilité des données.

Trois voies pour la capture des frais et la structure du marché

Les six à douze prochains mois mettront à l’épreuve la capacité d’Ethereum à standardiser les flux de valeur à travers des architectures layer-2 concurrentes.

Dans un scénario d’alignement souple avec une probabilité de 50 à 60 %, le mainnet Ethereum capte 25 à 40 % des revenus bruts de frais des layer-2 à mesure que les améliorations de la compression des blobs et de la disponibilité des données stabilisent les coûts.

Base et Arbitrum conservent 60 à 70 % des profits nets des layer-2, la prolifération de l’OP Stack maintenant l’avantage de distribution de Base grâce à l’infrastructure d’on-ramp de Coinbase.

L’AggLayer de Polygon connecte son écosystème Proof-of-Stake et les chaînes CDK pour stimuler la croissance de la liquidité cross-chain. Néanmoins, les flux transactionnels natifs à Ethereum privilégient les clusters OP Stack en raison des garanties de règlement canoniques.

La performance du token POL dans ce scénario dépend de l’étendue de l’écosystème plutôt que des références orthodoxes des rollups.

Un scénario de fragmentation, avec une probabilité de 20 à 25 %, voit les revenus de disponibilité des données du mainnet Ethereum sous-performer alors que l’activité se déplace vers des couches DA non-Ethereum, y compris les validiums et des services alternatifs de disponibilité.

Le layer-1 ne capte que 15 à 25 % des frais bruts des layer-2, alors que des centres de liquidité concurrents, tels qu’AggLayer, OP Superchain et des ZK rollups spécifiques à des applications, divisent les utilisateurs entre des standards incompatibles.

L’atténuation de la valeur extractible maximale (MEV) à travers les layer-2 prend du retard sur le déploiement technique, dégradant l’expérience utilisateur lors des opérations cross-rollup.

Polygon gagne en notoriété avec le routage agnostique des chaînes dans ce scénario, alors que la migration Proof-of-Stake vers AggLayer établit un hub de liquidité parallèle partiellement découplé des mécanismes de consensus social d’Ethereum.

Une reconvergence sous les normes « Ethereum-first » a une probabilité de 20 à 25 %, portée par un minimalisme layer-2 renforcé grâce à l’utilisation de light clients, de preuves de faute et de validité, et du séquençage partagé ou de la séparation proposer-builder, qui s’étend également aux rollups.

Le mainnet capte 35 à 50 % des frais bruts des layer-2 à mesure que les standards d’infrastructure se resserrent. Base et Arbitrum consolident plus de 70 % de la part des profits layer-2, la standardisation de l’OP Stack et les ponts cross-rollup réduisant la friction pour les utilisateurs transférant des actifs entre chaînes.

Polygon renforce son alignement avec Ethereum via les preuves ZK et les voies de disponibilité des données Ethereum pour ses chaînes phares, tout en positionnant AggLayer comme un différenciateur d’expérience utilisateur plutôt qu’un jeu de souveraineté en concurrence avec le règlement mainnet.

Dynamique de capture et de distribution de la valeur

Les investisseurs Ethereum font face à une question de capture de revenus directement liée aux choix architecturaux des layer-2.

Une dépendance accrue à la disponibilité des données (DA) d’Ethereum et aux systèmes de preuve canoniques augmente la capture des frais par le mainnet, les tendances d’utilisation des blobs par rapport aux avancées de compression layer-2 déterminant si l’économie de péage d’Ethereum s’étend ou s’érode.

Les marchés MEV cross-rollup restent naissants, mais si les normes d’alignement proposer-builder d’Ethereum s’étendent aux séquenceurs layer-2, la valeur extractible revient aux validateurs Ethereum. Des scénarios alternatifs où le MEV se concentre dans des silos layer-2 réduisent la gravité économique du mainnet.

Les tokens layer-2, dont ARB, OP et POL, tirent leur narration de la rentabilité nette du séquenceur, créant une sensibilité aux classements mensuels de profits qui montrent Base, opérant sans token natif, établir des standards d’expérience utilisateur qui poussent les rollups tokenisés à justifier leur valeur via le partage des revenus, des subventions ou le pouvoir de gouvernance.

Le cas d’investissement de Polygon s’améliore si AggLayer favorise la composabilité qui se traduit par une liquidité retenue plutôt qu’un volume de pont transitoire, indépendamment de son classement comme plus grand rollup pur selon les définitions orthodoxes.

Surveiller les étapes de connexion d’AggLayer et les progrès de migration Proof-of-Stake fournit des indicateurs avancés pour ce scénario.

Les builders optimisant la distribution font face à un calcul pragmatique où l’infrastructure OP Stack et Base remportent l’acquisition d’utilisateurs à court terme grâce à des on-ramps simplifiés et au routage de liquidité L2 à L2.

Les équipes priorisant l’expérience utilisateur et l’opérabilité cross-chain peuvent surpasser celles axées sur les débats d’alignement doctrinal, en particulier alors que les expériences utilisateurs multichaines restent complexes et que les effets de réseau favorisent les plus grands hubs de distribution.

Centralisation et interopérabilité comme forces structurelles

Le fait que Base de Coinbase reçoive des éloges publics de Buterin aiguise les débats sur l’influence des entreprises face au tissu social d’Ethereum, d’autant plus que les cadres réglementaires mondiaux, dont MiCA et les orientations du FATF, favorisent les L2 compatibles KYC avec des entités opérationnelles claires.

La vision agnostique des chaînes d’AggLayer de Polygon rivalise avec OP Superchain et les hubs ZK rollup dans une course à l’interopérabilité analogue à la concurrence des plateformes mobiles, où les jardins clos s’opposent aux maillages de liquidité ouverts.

Le mainnet Ethereum est positionné comme une infrastructure fondamentale plutôt que comme une couche de règlement exclusive.

La gravité des utilisateurs se concentre sur les réseaux qui résolvent les points de douleur multichaines, Vitalik et les chercheurs principaux d’Ethereum poussant pour une expérience utilisateur L2 simplifiée et sécurisée par le layer-1.

Si les standards d’expérience utilisateur s’unifient autour d’implémentations light-client communes et de la vérification des preuves, les effets de réseau amplifient les avantages des plus grands hubs de distribution, dont Base et Arbitrum.

La voie alternative de Polygon dépend de la capacité d’AggLayer à établir une liquidité cross-chain suffisante, permettant aux développeurs et utilisateurs de choisir la composabilité plutôt que le règlement canonique sur Ethereum.

L’issue déterminera si Ethereum fonctionne comme une couche de règlement standardisée capturant des frais prévisibles des rollups alignés, ou comme une option parmi des architectures concurrentes où la liquidité et les utilisateurs se répartissent entre des réseaux avec des degrés variables de dépendance au mainnet.

La concentration des profits des séquenceurs, les taux d’utilisation des blobs et les métriques d’adoption d’AggLayer jusqu’à mi-2026 clarifieront la voie suivie par l’écosystème, et si la loyauté envers Ethereum devient un paramètre économique mesurable plutôt qu’une hypothèse de la couche sociale.

L’article Did Vitalik just pick a side? Inside Ethereum’s layer-2 loyalty test est apparu en premier sur CryptoSlate.